A la recherche de...

A la recherche de la chope de Neken... Arkan tu connais déjà cette histoire... Wink

Donc déjà le préambule...

A la recherche de la chope de Neken.

Neken - à prononcer Neukène - est un dieu du panthéon nain. Neken est le dieu du verre plein et de la bouteille vide. A la simple condition de vider le verre et d’aller remplir la bouteille pour la vider ensuite. Toujours accompagné de sa loutre centenaire – à l’époque – prénommée « Béatrice ». On lui doit la recette de la bière dont il fit dons aux nains qui devinrent ensuite ses disciples, prêtres et maîtres brasseurs. Tous membres du temple de Neken. Neken ne vivant pas d’amour et d’eau fraîche, il offrait sans cesse de fastes fêtes où étaient invités dieux, déesses et même parfois des mortels. Sur Terre, sa gloire fut célébrée autour de grands banquets et festins. Il était aussi coutume de prier Neken peu de temps après avoir emménager pour que le foyer soit toujours un lieu de convivialité et de joie, pratique appelée de nos jours « pendaison de crémaillère », toujours effectuée mais sans aucun caractère mystique et spirituel. Le culte de Neken fut autrefois prospère mais tend à devenir poussiéreux à l’heure actuelle. En effet, les ivrognes modernes ignorent de qui vient la boisson qui coule dans leur gosier avec d’accompagner le sang pour irriguer tout le corps. Le culte fut même tellement florissant qu’à son apogée de nombreux adeptes se virent refuser l’entrée du temple. Son déclin fut précipité par le départ des maîtres brasseurs qui décidèrent d’aller fonder leur propre brasserie où les conditions de travail seraient plus justes. Il faut bien avouer que rester à bénir la bière toute la journée sans roulement c’est déjà chiant mais regarder couler de la bière sans pouvoir plonger dedans c’est innain (oui ce ne sont pas des humains je vous le rappelle). Ils claquèrent les portes du temple en lâchant un « Saleté de Neken » qui déformé par les siècles donna une idée à un brasseur destiné à la richesse et la célébrité. A moins que ce ne soit un des « A Neken !», enfin peu importe. Toujours est-il que la décadence fut à l’image de son succès, très rapide. Sans maîtres brasseurs il n’y avait plus de bières et donc plus d’adeptes. Plus d’adeptes ? Non, quelques irréductibles perdurent encore et toujours dans un petit temple miteux. Les adeptes de Neken subsistent grâce au tourisme gastronomique et à leurs spécialités : la salade de bière, les saucisses à la bière et la poire bière-hélène. Bien sur Neken avait des pouvoirs et des aptitudes à en faire pâlir plus d’un. Par exemple sa résistance à la boisson, sa bonne humeur légendaire, et sa chope : la chope de Neken avait le pouvoir de revenir pleine quand on la lançait vide. Un tel miracle ne pouvant être que l’œuvre d’un dieu particulièrement bien avisé. Mais ça ne marchait malheureusement qu’avec sa chope, et ce n’est pas faute d’avoir essayé avec un tonneau, une carriole et même un éléphant. Et un triste jour, un humain mal intentionné profita d’une invitation de Neken pour lui subtiliser sa chope en fin de soirée. Bien sur dans l’euphorie personne ne se rendit compte de rien mais au petit matin, alors qu’il reprenait peu à peu ses esprits Neken se rendit compte de l’outrage et voulut punir le coupable mais sa mémoire fut brouillée par l’excès d’alcool. Et pour une soirée, il ne triait pas ses invités, même mortels. C’est ainsi que la chope de Neken quitta le panthéon pour rejoindre le monde des mortels. Le fait qu’un magicien-aubergiste devint vite connu aurait du attirer l’attention du dieu mais il était trop occupé à noyer son chagrin dans l’alcool.

-Dublinois, deux poires bière-hélènes et deux café-bières pour la 4. Cria le serveur.
-Ca arrive ! Pff… Je commence à en avoir ras le bock aujourd’hui et pourtant c’est l’service de midi. Râla le nain en cuisine. Il reste encore combien de table ?
-Après celle là une seule. Ils entament le plat principal. Tu sais où est Nenbourg ?
-Je te parie qu’il brasse pour se détendre, lâcha le cuistot avant de cracher dans une des pintes à café et de la touiller. La table 4 c’est prêt !
-Je m’en charge, lui répondit le nain au plateau. Tu crois vraiment qu’il est encore occupé à brasser dans la cave ? Lui demanda-t-il.
-Non, il est rentré au temple pour se baigner expliqua le cuisinier tout en mimant les étapes de la nage. Assez peu commune si on en suit les mimiques du courtaud. Et puis maintenant, reprit-il, plus la peine de brasser des mégalitres vu qu’on est plus que trois. Heureusement qu’on a racheté cette brasserie pour en faire la vitrine de notre savoir-faire, sinon j’en connais un qui serait oublié là-haut.
-Oublié totalement, corrigea l’autre dans un soupir.
-Korrig, espère de rabat-joie ! Sinon on pourrait se lancer dans la création et le commerce de chope. Le marché est presque monopolisé par une marque humaine, il ne sera pas dur de faire mieux qu’eux.
-Marque humaine… Marque humaine… Rumina Korrig. Mouais, j’ai entendu dire que ce sont des nains à la barre de la société mais qu’ils se font passer pour humains pour bénéficier d’avantages fiscaux. Ce qui m’étonnerait qu’à moitié. C’est assez courant ces temps-ci.
-Oui, rien n’est plus sur. Bon ils se magnent les derniers ? Leurs glaces vont fondre. J’ai pas envie de m’éterniser ici, va leur donner le dessert avec l’addition.
-Ils ont même pas fini leur plat de saucisses-frites.
-Fallait manger plus vite que ça. C’est pas mon problème.

Après le départ de la dernière table, étrangement mal luné ce jour là, et après avoir rangé la brasserie, Dublinois et Korrig allèrent rejoindre Nenbourg. En rentrant au temple qui était de l’autre côté de la rue, ils célébrèrent Neken en prenant un bain de bière. Une courte prière fut respectée et tous se jetèrent dans la piscine. C’est pendant leur traditionnel concours d’apnée qu’un quatrième nain vint troubler la quiétude du lieu saint avec ses grosses bottes boueuses. Sa tenue de combat, une armure plutôt propre, un marteau plutôt gros et une chope plutôt vide trahissaient sa condition de guerrier. Au fil des années, le niveau d’apnée des trois adeptes avait eu tendance à grandement s’améliorer. Ainsi, le combattant se retrouva seul pendant deux bonnes minutes au bout desquelles il prit la décision de repartir. C’est au moment où il empoignait la clenche qu’il entendit un grand bruit de respiration dans son dos : le premier perdant des apnéiques, Dublinois. L’intrus se retourna alors et observa le baigneur tandis que ce dernier secouait sa longue chevelure brune et bouclée. Dublinois ne prêta attention au nouvel arrivant qu’alors qu’il essorait sa barbe.

-Si tu viens pour le resto, c’est fermé, reviens ce soir !

L’étranger s’éclaircit la voix pour se donner de la contenance et fut interrompu par Nenbourg qui remonté à la surface alors qu’il allait commencer son discours.

-Kof… C’est encore Korrig qui a gagné. C’est lassant à force.
-Oui mais il s’entraîne depuis qu’il est tout jeune, lui répondit Dublinois. Regarde, on a touriste égaré.
-Il m’a l’air assez bien équipé pour un bête touriste. Il t’a dit quelque chose ?
-Pas encore. Hé toi ! Tu as besoin d’aide ? L’interpella-t-il.

L’intrus inspira longuement, prit son courage à deux mains et déclara :

-Euh… Bonjour. Je viens vous voir pour devenir paladin.
-Palaquoi ? Attend je sors de la piscine, je m’habille et suis tout à toi, lui dit Nenbourg.

Le nain sortir du bain, prit une serviette de lin blanc qui vira au jaune orge puis il saisit sa tunique châtaigne, l’enfila par le col et s’approcha du guerrier.

-Euh… Je souhaiterai devenir paladin.
-Vas-y répète, tu veux devenir paladin de Neken ? lui demanda le maître brasseur incrédule.
-Oui, je souhaite… Enfin j’aspire à devenir paladin de Neken.
-Très bien, assieds toi un instant et détends toi, tu trembles comme un elfe. Pourquoi Neken ?
-Euh… Pour tout vous dire, j’ai déjà été recalé par plusieurs temples… Mais j’ai beaucoup de qualités vous savez !
-Ah oui ? J’ignorais que les paladins étaient recrutés en fonctions de leurs défauts. Mais passons. Quelles divinités es-tu déjà allé voir ?
-Je suis passé par le temple de Piochard, le dieu mineur. Celui de Faiplusmal, le dieu vengeur. Ils m’ont recalé quand ils m’ont vu. Au temple de Passifor le dieu du silence, patron des bibliothécaires, ils ne m’ont pas écouté. Ils m’ont viré parce que j’avais eu « l’outrecuidance d’hurler bonjour ». Les partisans de Padecssé ne m’ont pas jugé apte quand j’ai proposé d’aller boire un coup. Mais vous savez, je ferai tout pour devenir paladin ! Je veux bien rester chaste et sobre si vous me l’ordonnez.
-Oula, il n’a jamais était question de chasteté et de sobriété dans la maison de Neken mon ami. Ce sont là tous les temples où tu t’es échoué ?
-Pas exactement… Les adeptes de Foulatrouye m’ont trouvé trop gentil et pas assez chevalier noir. Paradoxalement, le prêtre de Guimove a pensé que j’étais trop violent et pas bisounours du tout.
-A t’entendre, tu as fait tout les cultes de la cité avant de venir voir Neken.
-Bah… C’est un peu ça… Confia le nain pris en faute.
-Ah… Répliqua Nenbourg hébété. Et en quoi ferais-tu un bon paladin ? Avec quoi ferais-tu la promotion de Neken ?
-Et bien, je suis cordial, sociable, j’ai un bon sens de l’orientation et une résistance à la bière plus qu’acceptable. Je sais me débrouiller avec une arme, je n’ai peur de rien sauf des sauterelles et enfin, je suis omnivore !
-Le CV est alléchant et à défaut de comparaison, je pense que tu seras pris. Il faut que les autres soient d’accord et c’est bon. Expliqua le brasseur en indiquant le fond de la salle alors que Korrig émergeait à peine du bain de bière.
-Nenbourg est toujours au fond ? demanda-t-il à Dublinois.
-Non, il recrute.
-Ah cool, il y aura plus de compétition comme ça.

Après une rapide concertation entre les trois adeptes du temple, il fut admis à l’unanimité que Getrank était le parfait – et unique – candidat au poste de paladin de Neken. La cérémonie d’intronisation au cours de laquelle Getrank devint officiellement paladin fut célébrée dans le bruit et la bière et se poursuivit jusque tard dans la nuit. Elle ne se termina qu’au petit matin et certain détails restaient encore à éclaircir.

» A la recherche d'un boulot dans les bas quartiers

Firnould
19 du mois des glaces
10h30

Une troupe de saltimbanque est arrivée en ville, c'est bon pour l'animation et le commerce. Autrement la ville est plutôt calme en ce début de matinée, tout comme la nuit précédente. A l'exception d'un cambriolage dans une bijouterie et les éternels ivrognes qui s'agitent près des débits de boisson la garde n'a rien eu à signaler. Pourvu que ça dur.